L'Italie Secrète

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Cela pourrait surprendre, mais l’Italie est une jeune nation qui a tout juste 161 ans malgré sa longue et riche histoire. C’est le 17 mars 1861 que Victor Emmanuel fut proclamé roi d’Italie. Auparavant, le « Bel Paese » était divisé en différents duchés et royaumes qui ont été souvent soumis à l’hégémonie étrangère.
Parcourons les grands moments de l’histoire de ce pays, afin de mieux comprendre ses différences culturelles.

L'histoire de l'Italie : De la Rome Antique à Charlemagne

L'Italie Antique, lieux et monuments emblématiques

Avant la domination romaine, la péninsule était peuplée d’une multitude de civilisations qui cohabitaient malgré leurs différences de langue et de coutumes.

Les Grecs avaient fondé des colonies en Campanie, Calabre, Basilicate, Sicile et dans les Pouilles. Les Étrusques s’étaient établis principalement au centre ; leur territoire était délimité par l’Arno, le Tibre et les Apennins. Les Ligures et les Vénètes résidaient dans le Nord. Les Latins avaient construit des villages sur la rive gauche du Tibre qui donnèrent naissance à la ville de Rome.

Après avoir conquis toute la péninsule, les Romains construisirent en quelques siècles un vaste empire en Europe et dans le Bassin Méditerranéen, qui devient difficile à défendre et à contrôler. En 395 apr. J.-C., Théodore 1er le divise en deux : l’Empire d’Occident et l’Empire d’Orient.

Le Ve siècle apr. J.-C, marquera la fin de l’Empire d’Occident, affaibli par une crise politique et économique, alors que des populations barbares venues du Nord de l’Europe, l’envahissent.  Dès lors, la péninsule deviendra le théâtre de guerres et de conquêtes entre les Ostrogoths, les Byzantins, les Lombards et les Francs.

Des Lombards aux Francs

En 568, les Lombards guidés par leur roi Alboïn, arrivent dans le Nord de l’Italie et conquièrent la vallée du Pô. Ils s’établissent à Pavie, qui devient la capitale du royaume. Leur domination se poursuivit sur une partie de la Toscane, de l’Émilie et du sud avec les duchés de Bénévent et de Spolète.

Dans un souci d’unifier la péninsule, ils s’allièrent aux Francs et au pape pour repousser les Byzantins qui s’étaient réapproprié le littoral ligure, Ravenne, les Marches, l’Ombrie, le Duché de Rome et l’Italie méridionale.

Toutefois, les hostilités apparaissent très vite avec les Francs, soutenus par le pape. Ainsi, après 205 années de règne, les Lombards durent renoncer à leur ambition unificatrice, vaincus par les Francs qui s’installent en Italie.

Charlemagne et le royaume d’Italie

En 773, Charlemagne s’empare du royaume des Lombards et se proclame roi d’Italie. Pavie demeure la capitale. Les Francs instaureront un système politique reposant sur une société féodale et vassalique. L’autorité locale est exercée par des ducs et des comtes, propriétaires des grands domaines.

Après la mort de Charlemagne, l’Empire carolingien est fragilisé par les luttes pour la succession, les révoltes des grands seigneurs féodaux assoiffés d’autonomie et par les invasions normande, hongroise et sarrasine.

Lothaire, devenu roi d’Italie et sacré empereur du Saint-Empire Romain, ne parvint pas à maintenir un pouvoir centralisé. Par conséquent, l’Empire se divise en de nombreux états indépendants. En Italie, il ne réussit pas à rétablir la stabilité politique et à repousser l’avancée des Sarrasins qui contrôlent le sud de la péninsule. Ses successeurs ne feront pas mieux.

Après la déposition de Charles le Gros en 877 et la fin de la dynastie des descendants de Charlemagne, les grands feudataires se disputent la couronne. Ainsi, au cours des décennies suivantes, de nombreux rois accédèrent au trône.

L'histoire de l'Italie sous les empereurs germaniques

En 951, Othon, roi de Germanie, est proclamé roi d’Italie ; la péninsule est rattachée au Saint-Empire romain germanique. Il développe la féodalité ecclésiastique ; ainsi, l’administration des villes est confiée aux évêques. Lui aussi ne réussira pas à évincer les Sarrasins des territoires du Sud. Ce sont les Normands qui le feront au XIe siècle.

L’Italie des communes

Entre les XIe et XIIe siècles, les villes, où l’activité économique se développe, connaissent un renouveau institutionnel et s’organisent en communes indépendantes dans toute la péninsule, à l’exception du royaume normand des Deux-Siciles.

Cette association libre de citoyens, avec un gouvernement élu, est reconnue par l’empire, qui peu à peu se détournera de l’Italie. Elle suscitera un regain d’intérêt chez Frédéric de Souabe, dit Barberousse, alors qu’elle est devenue riche et florissante en Europe. Il revendiqua donc tous ses droits de roi et d’empereur. Afin d’asseoir son autorité sur les organisations municipales, il remplace les magistrats élus par des podestats.

Il se heurta ainsi à l’hostilité des communes les plus importantes qui formèrent la Ligue lombarde, afin de défendre leur autonomie. Cette coalition est soutenue par le pape.

La lutte contre les communes durera sous le règne de Frédéric II et de ses successeurs. Les partisans de l’empereur prennent le nom de Gibelins et les partisans de la papauté, celui de Guelfes.

Pour libérer l’Italie de la souveraineté de la dynastie de Souabe, le pape Clément IV fait appel à Charles d’Anjou. Mais le rêve du frère du roi de France de soumettre l’Italie à son pouvoir durera peu.  Les Français seront chassés par les Aragonais qui revendiquent l’héritage souabe.

L’Italie des Seigneuries

Jusqu’à la fin du XIIIe siècle, les communes sont l’un des foyers les plus brillants de la culture et de l’économie européenne.

Au XIVe siècle, l’Europe et l’Italie traversent une période de récession qui sévit de façon inégale dans les cités. L’instabilité de la situation économique engendre des tensions internes et des modifications de la structure politique. Le pouvoir communal s’efface au profit d’un seigneur. Il reçoit le titre de vicaire impérial. Ces seigneurs rassemblent des terres autour des principales villes et créent des principautés et de véritables dynasties.

La Renaissance

Du début du XVe siècle à la moitié du XVIe, l’Italie connaît l’âge d’or économique et culturel. Le nord et le centre se transforment. Les cités et les seigneuries évoluent vers des Etats régionaux dont s’affirme l’autonomie politique.

Durant cette période, les rois de France reprendront leurs expéditions en Italie pour revendiquer leur droit de succession sur le royaume de Naples et sur le duché de Milan.

Élu empereur à la mort de Maximilien de Habsbourg, Charles Quint accède au trône d’Espagne et des Deux-Siciles. Les hostilités avec la France commencent pour la primauté en Italie. Elles dureront trois décennies. Après l’abdication de Charles Quint en 1555, Philippe II continue les offensives qui se concluent par le triomphe de l’Espagne.

L'Italie, un territoire de bataille entre Espagnols et Français sous le règne de Napoléon, pour atteindre une unité forte

L’hégémonie espagnole

De 1559 à 1713, l’Italie suivra les fluctuations du destin ibérique, de son apogée avec les grandes découvertes coloniales, à son déclin devant la montée de nouvelles nations maritimes et le relèvement français, au terme des guerres de religion.

Les Etats espagnols comprennent le duché de Milan et tout le Sud y compris les îles. Dans le reste de la péninsule, les Etats régionaux sont de taille et de puissance différente. Les Etats les plus grands subissent plus ou moins la tutelle espagnole.

Avec l’avènement de Richelieu en 1625, les luttes entre la France et l’Espagne reprennent et ne cesseront qu’en 1659. L’influence de Versailles se substituera alors à celle de Madrid dans le nord, où le roi Soleil pratique une politique d’empiètement.

Il envahira la Savoie et le Piémont à plusieurs reprises. Turin assiégée sera libérée par l’armée autrichienne qui l’année suivante occupera la Lombardie et le royaume de Naples. Avec les traités d’Utrecht et de Rastatt, en 1713 un nouvel ordre européen s’instaure jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. L’hégémonie autrichienne se substitue à la domination espagnole. L’Italie subira de nouvelles guerres entre l’Autriche, la France et l’Espagne avant de retomber dans une ère de paix jusqu’en 1792. Sous le gouvernement de Marie-Thérèse d’Autriche et de Joseph II, soufflera un vent de réformes sur la péninsule.

L’Italie napoléonienne

En 1796, la France républicaine est en guerre avec l’Autriche, l’Angleterre et les Etats allemands, des pouvoirs monarchiques qui veulent la perte de la Révolution.

Pour combattre l’armée autrichienne et ramener la paix, Bonaparte et ses hommes sont envoyés sur le front italien. Les victoires du jeune général poussèrent les Autrichiens à signer la Paix de Campo Formio en 1797. Les ex-territoires autrichiens du Nord sont organisés dans une République cisalpine à laquelle s’ajoutent ensuite, d’autres républiques sœurs. Elles sont toutes soumises à la France avec leurs propres constitutions rédigées sur le modèle français.

Cependant, les Autrichiens qui entendent reprendre leurs possessions en Italie, relancent le conflit contre l’état français. Ces nouveaux affrontements se termineront par la Paix de Lunéville en 1801. La république Cisalpine est restaurée et transformée en République italienne avec Milan pour capitale. 

Elle se compose de l’ancien duché de Milan, du duché de Modène et de Reggio, de Bologne, de Ferrare, de Ravenne, des principautés de Massa et Carrare, du territoire de Mantoue et des territoires compris entre les fleuves Adda et Adige, dont Vérone. Elle sera divisée en départements et sera organisée sur le modèle politique, juridique et administratif français.

Proclamé empereur des Français, Napoléon transforme la République en royaume d’Italie, se nommant roi en 1805. Dès lors, les territoires du royaume s’étendent avec l’annexion de la Toscane, des Etats-Pontificaux, de Parme et de Plaisance.

En 1813, l’Italie redevient un terrain de bataille entre l’Autriche et la France qui sera vaincue. Napoléon est contraint d’abdiquer en 1814 ; l’Autriche occupe son royaume. Avec le Congrès de Vienne, les anciens souverains sont remis en place. L’Europe est redessinée par les quatre grands vainqueurs des guerres napoléoniennes : la Russie, la Grande-Bretagne, la Prusse et l’Autriche. Cette dernière régnera à nouveau dans son royaume lombard-vénitien et dans ses états satellites, dont les gouvernants sont tous des fidèles, apparentés à la Maison d’Autriche.

L’unité italienne

L’Italie est divisée en plusieurs états indépendants : le Piémont-Sardaigne, le duché de Parme et de Plaisance, la Toscane, les États de l’Église et le royaume des Deux-Siciles. La Lombardie et la Vénétie sont redevenues des territoires autrichiens.

Avec le retour des monarchies et du pouvoir absolu, des mouvements patriotes voient le jour dans les années 20. Des révoltes éclatent contre les souverains et contre l’empire autrichien. Toutefois, ces insurrections se soldent par des échecs. Malgré cela, les idées nationalistes persistent, les patriotes rêvent d’unifier l’Italie.

En 1848, la révolution éclate dans plusieurs villes, le roi du Piémont-Sardaigne entre en guerre contre les Autrichiens, mais ne réussira pas à s’imposer. Les nationalistes prônent des états constitutionnels et n’abandonnent pas l’idée d’unification. Ils considèrent que seul le Piémont-Sardaigne, devenu une monarchie constitutionnelle, est capable d’unifier la péninsule. C’est avec l’intervention des troupes de Napoléon III aux côtés du Piémont que l’Autriche sera définitivement battue à Magenta en 1859. 

Le processus d’unification s’amorce. La Lombardie est annexée au Piémont, suivirent le duché de Parme et de Plaisance, la Toscane, les Etats Pontificaux. En mars 1861, Victor Emanuel est proclamé roi d’Italie. La Vénétie sera ralliée quelques années plus tard. En 1870, Rome devient la capitale de la monarchie parlementaire de Vittorio Emmanuel. Les acteurs de ce changement politique ont été Giuseppe Mazzini, Giuseppe Garibaldi et Camillo Benso, comte de Cavour.

Quand l'Italie délaisse la monarchie et choisit la république italienne par référendum en 1946

À la fin de la Première Guerre Mondiale, l’Italie reçoit de nouveaux territoires : le Trentin, le Haut Adige jusqu’au Brenner, Gorizia et Trieste et une partie de l’Istrie. Elle connaît aussi un tournant politique avec la prise du pouvoir par Mussolini en 1922.

La fin de la Seconde Guerre Mondiale, voit la chute du fascisme. Quelques mois après la Libération, naît le premier gouvernement d’après-guerre. La question se pose sur l’avenir politique de l’Italie. Doit-elle rester une monarchie ? Le 2 juin 1946 a lieu un référendum pour définir les nouvelles institutions du pays. La majorité des suffrages ont voté pour la république. Le 1er janvier 1948, entre en vigueur la Constitution italienne, les régions sont créées. Elles seront modifiées en 1963 avec la création du Molise et du Frioul-Vénétie-Julienne.

Aujourd’hui, les régions sont au nombre de 20. Ce sont : au Nord, le Val d’Aoste, le Piémont, la Ligurie, la Lombardie, l’Émilie-Romagne, la Vénétie, le Trentin Alto-Adige et le Frioul-Vénétie Julienne ; au centre, la Toscane, l’Ombrie, les Marches et le Latium ; au sud, les Abruzzes, le Molise, la Campanie, les Pouilles, la Basilicate, la Calabre, la Sicile et la Sardaigne.

La Sicile, le Frioul, la Sardaigne, le Val d’Aoste et le Trentin ont un statut spécial. Elles ont des formes et des conditions particulières d’autonomie.

Tous ces évènements historiques, qui ont façonné l’Italie, nous expliquent les différentes influences artistiques et architecturales que l’on trouve dans la Botte aujourd’hui, mais aussi sa grande richesse culturelle et gastronomique. 

Article mis à jour le 17 octobre 2023

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Nadine Georges
Nadine Georges est la fondatrice du blog "L'Italie Secrète". Si vous souhaitez mieux connaître ce pays aux multiples facettes et explorer de nouvelles destinations, loin du tourisme de masse et des grands centres urbains, alors suivez-moi !