Vous aimez découvrir l’Italie hors des sentiers battus ? Eh bien, avec cet article, je vous emmène explorer une ville très insolite et méconnue d’Émilie-Romagne.
Son architecture géométrique et colorée contraste avec celle des centres urbains traditionnels italiens.
Allez, on y va ! Destination Tresigallo, la petite capitale du rationalisme italien, nichée au cœur de la Plaine du Pô.
Comment arriver à Tresigallo, cette ville italienne insolite ?
Tresigallo se trouve à 22 km de Ferrare, sur la route SP 15 vers la mer Adriatique. Sa position stratégique permet de découvrir aisément ce territoire fascinant, riche en trésors historiques et naturels.
Il est facile de s’y rendre avec son propre véhicule, quel que soit votre point de départ. Des parkings gratuits sont disponibles sur les places et le long des rues.
En revanche, les adeptes du voyage en train devront arriver à la gare de Ferrare, puis continuer leur trajet en autobus.
Cette bourgade rurale de 4 500 habitants a été entièrement reconstruite dans les années 1930, malgré ses origines anciennes. Le Palazzo Pio, édifié au XVIe siècle, reste le seul témoin du passé historique de ce lieu. Elle représente un exemple unique de l’architecture rationaliste italienne.
Histoire de la capitale du rationalisme, ville insolite du nord de l’Italie
Tresigallo est l’œuvre de Edmondo Rossoni (1884-1965), ministre de l’Agriculture de l’époque. Il l’a entièrement projetée selon sa vision d’une cité idéale.
La province de Ferrare, comme beaucoup d’autres dans la péninsule, est une zone marécageuse. Elle présente un environnement rural peu hospitalier, aux conditions de vie difficiles. Sous le régime de Mussolini, la péninsule voit le lancement de nombreux projets d’assainissement. E. Rossone saisit cette opportunité pour transformer radicalement sa ville natale.
La ville idéale de Rossone
Le projet de Edmondo Rossone de fonder une ville corporative (Città corporativa) prend forme en 1933. Le village agricole deviendra un pôle industriel moderne à l’architecture novatrice en alignement avec la politique socio-économique instaurée par le régime.
Tresigallo se transforma alors en un immense chantier pendant six ans. Ainsi, la ville s’enrichit d’une zone industrielle et de plusieurs bâtiments publics. De nouvelles routes et habitations voient le jour. La construction de « La Rossonia » désenclava le village en le reliant à Ferrare et le littoral.
De nouveaux services émergent pour les citadins. Ils visent à améliorer leur qualité de vie. Les premiers logements équipés d’installations sanitaires font leur apparition.
Cependant, le projet restera inachevé et la ville utopique tomba dans l’oubli.
Une cité abandonnée
La fin du mandat de ministre de l’Agriculture de E. Rossone et le début de la guerre stoppèrent la transformation de Tresigallo. À la suite du conflit mondial, l’économie locale stagna. La ville déclina et ses habitants partirent.
Affranchi de son lourd passé, le village connaît un renouveau durant les années 1980. L’architecture rationaliste de Tresigallo suscite l’intérêt des architectes à l’échelle nationale. Son paysage urbain se démarque par son caractère unique et original.
C’est alors que sont mis en place des programmes de rénovation urbaine par la Municipalité et puis par la région. Plusieurs bâtisses sont réhabilitées et trouvent de nouveaux usages.
Ce phénomène continue actuellement. En 2004, la région Émilie-Romagne lui décerna le titre de « Ville d’Art ». Deux ans plus tard, la cité métaphysique rejoint le réseau des « Borghi Autentici d’Italia ».
Comment visiter cette ville insolite italienne d’avant-guerre ?
Dès mon arrivée à Tresigallo, j’ai ressenti l’atmosphère particulière de cet endroit. Il y avait peu de monde dans les rues, les maisons semblaient inhabitées. Les bâtiments décrépis renforçaient cette idée d’abandon. L’architecture rationaliste, avec ses formes géométriques et ses couleurs variées, créait un cadre irréel. Je me sentais transportée dans un autre univers.
Une balade à pied est parfaite pour savourer l’ambiance singulière de la ville métaphysique. Vous pouvez explorer cette cité énigmatique par vous-même ou opter pour une visite guidée.
La visite de Tresigallo en autonomie
Le bureau d’information, localisé à la Casa della Cultura (Via del lavoro n° 2), offre un plan détaillé pour une visite autonome de cette ville italienne. Il propose un circuit regroupant 25 édifices avec des explications en italien et en anglais.
Ces bâtiments englobent des lieux publics et culturels, des habitations ainsi que d’anciennes installations industrielles. En suivant l’itinéraire dans son intégralité, vous aurez l’opportunité de découvrir chacun de ces environnements.
Le site www.tresigallolacittametafisica.it propose également un audioguide en italien et une carte interactive.
Une autre option est de se faire accompagner par des experts locaux passionnés.
La visite accompagnée de Tresigallo
Les visites guidées durent environ 1h30. Elles sont organisées tous les jours par l’association Torri di Marmo fondée pour effectuer des recherches sur la cité métaphysique et la promouvoir.
Pour obtenir des renseignements et vous inscrire, contactez-les par :
Email : [email protected]
Téléphone : +39 348 133 1280.
Des visites guidées en français sont disponibles sur réservation.
Les guides vous dévoilent les secrets de la ville et l’histoire des bâtiments emblématiques vus de l’extérieur. Ces édifices ont aujourd’hui de nouvelles fonctions ou attendent une rénovation.
Lors d’événements ponctuels, certains ouvrent leurs portes au public. Les dates sont annoncées sur les réseaux sociaux.
Je recommande cette solution que j’ai choisie lors de mon escapade à Tresigallo.
Les incontournables à voir à Tresigallo
La Casa della Cultura marque le début de l’itinéraire. C’est souvent le point de rencontre pour les visites guidées. Rénové en 2006, ce bâtiment accueille la bibliothèque municipale.
L’imposant bâtiment, d’une élégance sobre, portait le nom de La casa della G.I.L (Gioventù Italiana del Littorio). Son rôle consistait à former physiquement et idéologiquement les jeunes italiens. Il comprenait ainsi un gymnase, un bureau de préparation militaire et une école de conduite.
Les anciens bains publics, nommés « Bagni » en italien, se trouvent à proximité. En 2010, ces lieux sont devenus un centre d’exposition renommé : « SOGNI ». Ce mot signifie « rêves » en italien.
Les autres sites se regroupent principalement autour du Viale Roma, de la Piazza della Repubblica et entre la Piazza Italia et la Piazza Carlo Forlaini.
La Casa del Fascio, était autrefois le centre névralgique de la vie politique du bourg. Il accueille désormais les locaux des Carabiniers.
L‘église Saint-Appolinaire, a subi des modifications au fil du temps. Elle se distingue par ses arcades en béton armé recouvertes de terrazzo.
Depuis le parvis, on aperçoit l’ancien Hôtel-Restaurant Italia. Le restaurant occupe encore une section du bâtiment.
Plus loin, l’ancienne salle de bal s’est transformée en logement. Quant à l’École Primaire (Scuole Elementari), elle fait partie des réalisations inachevées et remaniées dans les années 60. Dans son alignement, le Campo Sportivo attire l’attention avec son imposant arc de triomphe.
La Piazza Repubblica se distingue par sa forme semi-circulaire et ses arcades raffinées. Cette vaste place, anciennement appelée Piazza della Rivoluzione arbore une fontaine magnifique, ornée de sculptures de gazelles en bronze.
La visite de la cité utopique de Rossone ne vous prendra que quelques heures. Toutefois, le territoire peut se vanter d’un riche patrimoine historique, artistique et naturel. Profitez donc de votre escapade dans l’ancien duché d’Este, pour découvrir d’autres trésors cachés.
Les lieux à visiter dans les environs de Tresigallo,
• Gherardhi, le Villaggio del Cinema : un paradis pour les cinéphiles et les amateurs de Street Art. Des fresques murales ornent les murs du village, illustrant les chefs-d’œuvre du 7e Art ;
• Ferrare : ancienne capitale des Ducs d’Este, cette ville incarne un joyau de la Renaissance italienne ;
• Comacchio, surnommée la petite Venise.
• L’Abbaye de Pomposa : célèbre pour ses fresques du XIVe siècle.
Conclusion
L’Émilie-Romagne, célèbre pour les arcades de sa capitale, Bologne, et sa gastronomie est une terre surprenante et captivante.
Cette région italienne, moins fréquentée que la Toscane voisine, compte pourtant de nombreuses petites pépites, loin des itinéraires classiques. C’est le cas de Tresigallo, une ville atypique aux portes du Parc Régional du Delta du Pô, dans le nord de l’Italie.
