Vous avez envie de faire un petit tour en Émilie-Romagne pour quelques jours ? Eh bien, direction Ferrare pour visiter ce joyau de la Renaissance italienne peu connu.
Classée au patrimoine de l’Unesco, cette ancienne capitale du duché d’Este rayonna en Europe pour avoir défini un nouveau concept d’urbanisme.
Élégante et vivante, cette cité m’a séduite pour sa dimension humaine et sa richesse culturelle.
Allez, on y va ! Je vous accompagne le temps d’un week-end pour explorer ses trésors cachés. Habituellement, on profite d’un séjour dans la région pour faire une escapade de quelques heures ou d’une journée à Ferrare.
Mais quel dommage ! Son patrimoine culturel et artistique est tellement vaste, qu’elle mérite qu’on s’y attarde davantage. Vous verrez, elle réserve bon nombre d’activités.
Comment arriver à Ferrare ?
Située aux abords du Delta du Pô, cette commune de presque 130 000 habitants se trouve à 50 kilomètres de Bologne et à 110 kilomètres de Venise. Il est facile d’y arriver aussi bien en voiture qu’en train.
Voyager en voiture
En général, ce moyen de transport laisse une plus grande liberté dans les déplacements. Pour ma part, habitant dans la province de Plaisance, j’ai préféré prendre mon propre véhicule.
Néanmoins, où que vous soyez dans la péninsule, le vaste réseau autoroutier vous permet de rejoindre aisément cette cité, desservie par l’autoroute A 13 Bologne-Padoue.
Pour le stationnement, des parkings sont aménagés à l’extérieur des remparts. En effet, seuls les véhicules autorisés peuvent circuler à l’intérieur de l’enceinte, définie « zone à trafic limité » (ZTL).
La plupart des communes italiennes limitent l’accès au centre-ville. Pour plus de détails, c’est par ici.
Voyager en train
Le train représente une bonne alternative pour vous déplacer au départ des villes traversées par la ligne ferroviaire Bologne-Venise. D’ailleurs, ces deux villes sont desservies par un aéroport.
Si vous arrivez donc en avion, le transport ferroviaire est l’idéal pour vos déplacements. Vous pouvez acheter vos billets, sur le site de Trenitalia, l’entreprise ferroviaire italienne, ou aux guichets dans les gares. Ils sont souvent remplacés par des bornes libre-service.
Pensez à composter votre billet, le jour du départ. En revanche, pour les achats en ligne, il sera nécessaire de faire le check-in (toujours en ligne) avant de monter dans le train.
De la gare, il vous faudra un quart d’heure à pied pour rejoindre le cœur de cette cité émilienne. Mais, maintenant, entrons dans le vif du sujet : la visite guidée de Ferrare !
Que faire dans l’ancienne capitale des ducs d’Este ?
Flâner dans ses vieux quartiers à pied ou à vélo
Entourée de sa muraille, la vieille ville n’est pas très étendue. On y déambule par conséquent commodément à pied ou à vélo, le moyen de locomotion privilégié des locaux. Et c’est très agréable à la belle saison.
Pour ma part, vous l’aurez remarqué en lisant mes articles, j’adore marcher. J’ai donc parcouru des kilomètres pendant mon week-end.
Si comme moi, vous êtes adeptes des randos urbaines, alors, munissez-vous de bonnes chaussures pour errer dans les quartiers pittoresques !
Par contre, si vous êtes plutôt des adeptes de la bicyclette. Ferrare et ses environs auront tout pour vous séduire. En effet, la région est bien pourvue de pistes cyclables.
Par ailleurs, il vous sera possible de louer votre vélo sur place. À ce propos, l’office de tourisme délivre aux visiteurs un plan de la ville, avec tous les points de location.
Certes, le vélo vous fera gagner du temps dans vos déplacements. Aussi, vous pourrez vous aventurer dans les zones plus excentrées.
Quelles que soient vos préférences, commencer par des balades me semble un bon plan pour faire connaissance avec cette merveille italienne et vous immerger dans son histoire.
Je vous propose donc un parcours de découverte du centre historique avec carte interactive.
Mes 3 idées de découverte de Ferrare
Le viale Cavour prolongé par le Corso Giovecca divise le centre-ville en deux. Au sud de cette ligne, se déploie la ravissante cité médiévale, un dédale de charmantes ruelles de galets. Elle est, comme au Moyen Âge, le cœur battant de Ferrare avec ses principaux monuments et ses commerces.
En revanche, au nord, changement de décor ! La ville renaissance, créée sous le règne d’Hercule Iᵉʳ, offre des espaces plus aérés. Le long de ses principales artères, s’affichent les somptueux palais aristocratiques.
Retrouvez les lieux à visiter sur cette carte.
Le quartier médiéval
Autour de Piazza Cattedrale et de Piazza Trento e Trieste, les différents pouvoirs se sont succédé. Très animées, elles demeurent les lieux de rencontre préférés des locaux. Le monument emblématique de ce quartier est le château d’Este, une forteresse transformée par la suite en résidence ducale.
J’ai eu un coup de cœur pour l’incontournable Via delle Volte : une longue rue avec des édifices reliés par des passages voûtés.
Je vous conseille de la faire sur toute sa longueur. Elle est bordée de jolis bâtiments des XIVe et XVe siècles. Elle est aussi traversée par de nombreuses ruelles mystérieuses et fascinantes.
Un autre endroit caractéristique à voir : les jolies via Mazzini, via Vignatagliata, via Vittoria et Piazzetta Isacco Lampronti. Elles délimitent le ghetto juif. Une importante communauté juive se forma sous la dynastie de la famille d’Este, alors bienveillante envers ces groupes provenant de divers pays.
L’arrivée du gouvernement pontifical marqua un tournant dans cette cohabitation. À partir de 1627, elle fut cantonnée dans un ghetto, jusqu’à l’unité d’Italie.
Au n° 95 de la via Mazzini, se trouvent la synagogue et le Museo Ebraico (actuellement fermés pour rénovation). Un itinéraire proposé par l’office du tourisme vous conduit sur les traces de la culture juive à Ferrare, du centre-ville au cimetière.
Le quartier de « L’Addizione Erculea »
Le nord du quartier médiéval était déjà pourvu de constructions. En 1492, Hercule Iᵉʳ décida de les incorporer au centre urbain. Pour ce faire, il confia le projet à Biagio Rossetti. Le pari fut gagnant grâce au génie de ce grand urbaniste.
On conféra à la capitale du duché, le titre de première ville moderne d’Europe. En l’honneur du duc, promoteur de cette initiative, on baptisa cette nouvelle zone urbanisée « Addizione Erculea ».
Très spacieuse, elle vous invite à faire une belle promenade à la rencontre de la Renaissance. Du Palais des Diamants à la Certosa (le cimetière monumental), ce coin vous envoûtera pour ces remarquables édifices. Plusieurs abritent des musées. Ce parcours vous conduit également sur les traces de Ludovico Ariosto, l’auteur de Roland Furieux.
Le tour des remparts
Admirer Ferrare du haut de sa muraille peut avoir un côté sympa. En faisant le tour (9 kilomètres), vous vous rendrez compte de l’importance de ce système défensif, construit entre 1493 et 1618. Comptez une heure à vélo et le double à pied.
Du château, en parcourant le Corso Ercole I d’Este, vous accéderez au terre-plein des remparts au nord de la ville. Vous trouverez d’autres accès sur le périmètre fortifié. Ce parcours ombragé est très agréable et prisé des habitants qui s’adonnent à leurs activités sportives préférées.
Un autre point de vue intéressant, sur les bastions, les canonniers et les portes, s’offrent à vous en empruntant la piste cyclable en bas de l’enceinte. Là encore, vous côtoyez des espaces verts et le parcours est ponctué de bancs pour les petites pauses.
Vivre ses évènements annuels
D’un point de vue évènementiel, Ferrare se dénote pour son grand dynamisme. Chaque saison offre ses manifestations annuelles et bon nombre d’expositions périodiques dans ses magnifiques demeures historiques.
En mai, le Palio
Durant tout le mois, la commune célèbre la victoire en 1259 du marquis Azzo VII « Novello » d’Este, sur son ennemi Ezzelino da Romano, à Cassano d’Adda.
Ainsi, chaque week-end s’anime avec des évocations historiques qui se concluent avec le Palio. Cette course de chevaux met en scène sur la Piazza Ariostea, les différentes Contrade (quartiers historiques) de la ville.
En août, le Ferrara Buskers Festival
En octobre, le Ferrara Food Festival
Il met à l’honneur la gastronomie locale. Un rendez-vous à inscrire dans l’agenda des amateurs de cuisine régionale italienne ! Sur ce sujet, l’Émilie-Romagne a de quoi vous combler.
Je ne vous donne que quelques exemples de ces initiatives. Pour toutes les connaître, consultez le site de l’office de tourisme.
Au cours de ces balades, vous croiserez de remarquables lieux entre palais, musées, églises, etc. Vous pourrez vous y arrêter pour approfondir votre visite, selon vos goûts.
Que voir à Ferrare ?
Cette commune témoigne de l’immense passé artistique qu’elle a vécu. En effet, les ducs d’Este étaient de grands mécènes qui ont invité à leur cour, les meilleurs artistes de leur époque. Les palais et les églises révèlent leurs réalisations… de véritables trésors.
La MYFE Card, un pass pour visiter Ferrare
Si votre intention est de voir plusieurs musées, je vous conseille d’acheter ce pass touristique. Il vous permet d’entrer gratuitement dans les principaux musées, en plus d’obtenir certaines réductions. Il est en vente en ligne.
C’est avantageux. Son prix varie selon la durée du séjour (2, 3 ou 6 jours). De plus, il vous fait grâce de la taxe de séjour quelle que soit la structure réceptive que vous avez choisie.
Petite astuce : les musées nationaux et municipaux sont gratuits le 1ᵉʳ dimanche du mois.
Les musées
Notez qu’ils sont principalement fermés le lundi. Pour vous aider à organiser votre séjour, le site de l’Office de tourisme affiche la liste complète, dans sa rubrique « Art et Culture ». Tous les horaires et jours d’ouverture sont indiqués. Pensez à réserver surtout le week-end.
Le château des ducs d’Este
Imposant, il est magnifique de l’extérieur avec ses douves remplies d’eau. Ne vous attendez pas à y voir du mobilier, l’intérieur est plutôt dénudé.
En revanche, ses fresques et ses magnifiques plafonds à caisson sont de véritables chefs-d’œuvre. Elles sont cependant bien endommagées en raison du tremblement de terre de 2012.
Ne craignez pas de gravir les 120 marches qui conduisent au sommet de la Tour des lions (la plus ancienne du château), la vue sur la ville y est imprenable.
Malgré cela, j’avoue que j’ai été déçue par le parcours de visite peu captivant. Il faut environ une heure pour tout voir. Prévoyez davantage avec la lecture des panneaux explicatifs racontant l’histoire de la famille d’Este.
Toutefois, ne tardez pas à le voir… En effet, pour pouvoir la remettre en état, cette ancienne forteresse ne sera plus accessible aux touristes à partir de janvier 2025.
Palazzo dei Diamanti
Ce remarquable palais de la fin du XVe siècle, avec sa façade en pointes de diamant, abrite la pinacothèque nationale. En outre, il dispose d’un espace consacré à des expositions temporaires.
Il est l’œuvre de Biagio Rossetti, l’architecte au service d’Hercule Iᵉʳ d’Este.
Faute de temps, je n’ai pas vu ce musée.
Palazzo Schifanoia
Pénétrer dans cette résidence de la famille d’Este, c’est voyager dans l’histoire artistique du duché et de ses régnants. Ses pièces étaient entièrement décorées de fresques. Elles ont difficilement survécu aux vicissitudes de cette habitation princière. Cependant, la salle des 12 mois est un extraordinaire chef-d’œuvre.
L’ancien Museo Civico, né au XVIIIe siècle sous la houlette du cardinal Gian Maria Riminaldi a tout juste rouvert ses portes, après le séisme de 2012, complètement rénové.
La visite guidée se fait au moyen d’une appli que vous téléchargez à l’entrée (en anglais et en italien). Aussi, des vidéos en 3 D expliquent la construction du palais et ses modifications au cours des siècles. En plus, des panneaux explicatifs sont disposés tout le long du parcours de visite.
Vous y admirerez des peintures et des sculptures d’artistes des périodes Renaissance et Baroque.
Comptez environ une heure trente. À la sortie, le personnel du musée (très disponible et accueillant) vous oriente vers le lapidario (des vestiges en pierre) situé, en face, dans une église désaffectée. On en fait très vite le tour. Vous pouvez passer…
Casa Romei
Ce musée vous transpose dans une élégante demeure nobiliaire, où se côtoient deux époques, le Moyen Âge et la Renaissance. À la mort de son propriétaire, Giovanni Romei, elle fut léguée au monastère voisin du Corpus Domini.
Aujourd’hui, il regroupe des peintures et des sculptures provenant principalement d’églises disparues.
Là aussi, une appli vous guide à la découverte de ce superbe palais et des œuvres qui y sont exposées. Prévoyez une heure dans votre programme.
Palazzo Costabili – Museo archeologico nazionale
Un autre palais grandiose, réalisé par Biagio Rossetti (on le retrouve !). Si vous n’êtes pas intéressé par le musée, poussez tout de même le portail pour jeter un œil dans la cour intérieure.
Pour les passionnés d’archéologie et surtout de la civilisation étrusque, une halte s’impose. Il accueille les objets réapparus lors des fouilles de l’antique Spina (région de Comacchio). Cette cité étrusque fut découverte par hasard en 1922 dans le delta du Pô.
J’y ai fait une visite ultra-rapide à proximité de sa fermeture en fin d’après-midi.
MEIS (Museo nazionale dell’Ebraismo italiano e della Shoah)
Inauguré en 2017, ce musée relate 2000 années d’histoire du peuple juif en Italie. La façade des bâtiments qui l’accueillent est austère. Il s’agit en réalité d’un ancien centre de détention, fermé en 1992.
Les lieux de culte incontournables
L’ancienne capitale du duché compte d’innombrables lieux de culte, entre monastères, églises et oratoires. Je vous cite les principaux. Vous serez en admiration devant les merveilles qu’ils renferment.
La cathédrale
Au cœur du quartier médiéval, cette église dédiée à San Giorgio, le patron de la ville, a été, elle aussi, fortement abîmée lors du tremblement de terre. Actuellement en rénovation, elle ne vous dévoile donc qu’une partie de ces trésors architecturaux et artistiques, un harmonieux mélange d’art roman et gothique.
Monastero del corpus Domini
Placé dans une petite rue, le couvent des Clarisses fut fondé en 1406. Il abrite les sépultures de plusieurs membres de la famille d’Este, dont Éléonore d’Aragon et la célèbre Lucrèce Borgia.
L’église de style baroque renferme de magnifiques fresques. Je n’ai pas pu y entrer, car il est fermé le week-end.
Monastero di Sant’Antonio in Polesine
Au fond d’une ruelle, ce couvent est toujours habité par des sœurs bénédictines. Arrêtez-vous dans ce lieu sacré, fondé par Béatrice d’Este au XIIIe siècle. Il fut le premier monastère féminin de Ferrare.
D’un point de vue artistique, les trésors cachés sont les trois chapelles recouvertes de fresques, le coro delle monache, peintes par des artistes de l’école locale et de Giotto.
Fermées le dimanche, je n’ai pu voir que la petite église réservée aux religieuses, un petit bijou. Ce fut une expérience très touchante par l’atmosphère qui s’y dégage avec ses chants qui vous invitent au recueillement.
Basilica di Santa Maria in Vado
Son nom provient d’un ancien gué qui permettait de traverser l’un des canaux de la cité. On attribue à cette basilique un miracle, survenu le jour de Pâques en 1171. Elle devint alors lieu de pèlerinage.
Le duc Hercule Iᵉʳ d’Este la fit agrandir en 1495, par qui ? Eh bien toujours lui… Biagio Rossetti.
Infos Pratiques
Office de tourisme
Où goûter les spécialités locales ?
Les bonnes adresses ne manquent pas, tout comme les plats traditionnels ! Cependant, je ne pourrais que vous recommandez un bon repas dans l’une des trattorie historiques de la Via delle Volte.
Certaines servent en terrasses. Le cadre est fantastique pour déguster les cappellaci alla zucca ou encore le pasticcio ferrarese, la salama da sugo ou la torta tenerina. Occhio ! comme disent les Italiens… Elles ne prennent pas toutes des réservations. Alors, allez manger assez tôt (12 H 00/12 H 30), sinon vous devrez attendre !
L’Émilie-Romagne est renommée pour sa gastronomie. Toutefois, ce n’est pas son seul atout. Autour de Bologne , la capitale de la région, gravitent d’extraordinaires villes d’art, dont Ferrare.
Cette commune réunit à la fois gastronomie, histoire, culture et activités sportives. On la découvre à pied ou à vélo. D’ailleurs, pour les amateurs, sa piste cyclable s’étend au-delà de son contexte urbain.
Vous étiez à court d’idées pour votre prochain week-end en Italie ? Eh bien, plus maintenant ! Qu’attendez-vous pour organiser votre prochaine escapade italienne ?