L’Italie rime souvent avec pâtes ! Cependant, les Italiens ne sont pas uniquement de grands spécialistes de ce plat. En effet, le riz est le roi de la table dans le nord de la péninsule. Il représente un véritable patrimoine historique et culturel surtout en Lombardie et dans le Piémont.
C’est justement dans le Piémont que je vous emmène pour découvrir cette tradition et précisément à Vercelli, la capitale européenne du riz. Derrière ce titre, se cache en réalité une superbe ville au passé prestigieux.
Allez, suivez-moi pour un itinéraire de deux jours dans ce coin d’Italie qui réserve de belles surprises !
Découvrez où se situe Vercelli et sa province, ville du Piémont en Italie à ne pas manquer.
Les atouts de la ville de Vercelli, chef-lieu de province dans la région du Piémont en Italie :
- Une ville de province loin de la vie frénétique à découvrir à pied ;
- Facilement accessible par le train et par la route (autoroutes A 4 Milan -Turin et A 26 Gênes – Gravellona T, ligne ferroviaire Milan-Turin) ;
- À une heure environ de Milan et de Turin ;
- Découverte nature à pied et à vélo ;
- Ses incroyables musées et monuments ;
- Son patrimoine artistique et architectural ;
- Sa gastronomie.
Où se situe la ville de Vercelli en Italie ?
La ville de Vercelli en Italie est une ville située dans la région du Piémont, dans le nord-ouest de l’Italie. Elle se trouve au croisement des rivières Sesia et Cervo, dans la plaine du Pô, une région connue pour ses terres fertiles et ses cultures agricoles. La ville de Vercelli est réputée pour être la capitale italienne du riz, mais aussi pour son riche patrimoine historique . Niveau situation, elle est à mi chemin entre Milan et Turin. Vous pourrez vous rendre dans cette ville d’Italie en à peine une heure, pratique pour y passer un beau séjour dans les rizières du Piémont !
1er jour : Vercelli, la cité médiévale dans la région du Piémont et ses trésors cachés
Le centre historique de cette cité médiévale, d’environ 46 500 habitants, se trouve dans l’enceinte des anciens remparts. Aujourd’hui, ils ont laissé place à de larges boulevards bordés d’arbres. Si vous arrivez en voiture pour la journée, n’hésitez pas à vous stationner dans l’un des nombreux parkings aménagés à proximité de ces derniers. Certains sont gratuits.
Pour ma part, j’avais réservé dans le charmant petit hôtel-restaurant à gestion familiale « Il Giardinetto », dans un quartier calme et très proche du centre à pied. J’ai donc laissé mon véhicule dans la rue de l’hôtel. En fait, c’est plus un restaurant (très prisé par les locaux) qu’un hôtel car, il n’a que 8 chambres. L’atmosphère y est familiale ; le décor est élégant et la cuisine y est excellente. Vous pouvez également suivre leur actualité sur Facebook.
Vercelli, c'est la ville d'Italie qui renferme de magnifiques chefs d’œuvre architecturaux et artistiques à visiter à pied.
Je dois dire que j’ai été agréablement surprise par ce chef-lieu de province où la vie est paisible. Les journées sont rythmées par l’heure de l’apéritif et la promenade de l’après-midi dans la principale rue commerçante. Un style très italien !
L’une des principales communes du Piémont au Moyen Âge, Vercelli renferme de remarquables chefs d’œuvre architecturaux et artistiques. Elle étonne avec ses jolies petites places et ses rues avec de magnifiques palais.
Voici l’itinéraire que je vous propose et que j’ai tracé en fonction des heures d’ouverture des églises et des musées. Il serait vraiment dommage de trouver porte close devant des petits bijoux, comme l’église San Cristoforo, surnommée la chapelle Sixtine de Vercelli. C’est donc par elle que j’ai débuté ma visite.
Venant de l’hôtel, j’ai commencé mon exploration en partant du Viale Garibaldi, direction Place Pajetta où se dresse la statue de Victor Emmanuel II. Petite parenthèse… le 1er dimanche de chaque mois y a lieu Barlafus, une Foire à la brocante.
En continuant tout droit, vous arrivez au Largo d’Azzo. Poursuivez dans la Via XX Settembre, jusqu’au carrefour avec la Via S. Cristoforo sur la gauche. En remontant la rue, on trouve sur la droite l’église du même nom. Autant sa façade est sobre, autant son intérieur est d’une beauté inouïe. Elle est admirablement décorée de fresques peintes par Gaudenzio Ferrari entre 1532 et 1534. Elles représentent des scènes de la vie de la Vierge Marie et de Marie-Madeleine. Une autre perle de cet artiste : La Madonna degli Aranci (la Vierge des Orangers), placée dans l’abside.
En sortant de l’église, en continuant tout droit sur la Via Cagna, vous rejoignez le Corso Libertà (la principale rue commerçante). Sur la gauche, on aperçoit l’église San Lorenzo et sur la droite, le palais Centoris, ayant appartenu à la puissante famille gibeline Centoris. Nous ne voyons maintenant qu’une petite partie de cet important palais Renaissance, fractionné au cours des siècles. Pour vous rendre compte de son immensité, je vous invite à le contourner en pénétrant dans la Via Giovenone. Ce parcours est intéressant car, on traverse une étroite rue voutée qui retombe sur le boulevard.
En poursuivant à droite, vous rencontrerez la Piazza Tizzoni. Son nom vient du palais édifié au XVe siècle par l’une des plus importantes et puissantes familles de la cité piémontaise.
De là, on emprunte la Via Borgogna. Vous passerez devant la maison-musée de Antonio Borgogna, un collectionneur d’œuvres d’art qui en fit don à la mairie à sa mort. Transformée en musée, elle abrite la collection privée de cet amateur d’art et des peintures du XVe au XXe ajoutées par la suite. Faute de temps, je n’ai pas vu ce musée, qualifié parmi les meilleures pinacothèques du Piémont.
À la fin de la rue, prenez à gauche pour revenir vers le quartier médiéval aux rues plus étroites et sympas. En revanche, si vous continuez, vous vous dirigez vers le château Visconti, une énorme construction en briques. Depuis 1838, il est le siège du Palais de Justice de Vercelli et ne se visite donc pas. Selon moi, il ne mérite pas vraiment le détour.
Profitez de votre séjour en Italie pour vous balader dans les rues du quartier médiéval de la ville de Vercelli
Poursuivant votre chemin, prenez le temps de flâner autour de la place d’Azeglio. Ce quartier où vous pouvez admirer la magnifique synagogue (Via Foà), est caractéristique avec ses boutiques originales et ses bars. Je vous signale sur la place la « Gastronomia Martino » ; c’est un magasin de quartier, qui vend des spécialités régionales et des plats à emporter faits maison. À ne pas manquer pour le plaisir des yeux et des papilles !
De la place, un petit passage vous conduit à la Piazza Palazzo Vecchio et au « Broletto », c’est ainsi qu’on appelait le palais communal au XIIIe siècle dans le nord de l’Italie, notamment en Lombardie.
Cette place fermée est très accueillante avec ses cafés. Elle est un point de rencontre des locaux, de même que la place Cavour, située juste à côté. On y accède en passant sous une ruelle voûtée pittoresque.
L’ancienne Piazza Maggiore, rebaptisée en 1864 du nom de Camillo Cavour, n’a pas perdu sa vocation, depuis huit siècles, de lieu de rencontre de la vie citadine. Elle est très animée surtout le week-end, en particulier le samedi avec son marché de produits artisanaux et du terroir.
Les locaux aiment se retrouver sur les terrasses des cafés ou dans les trattorias, sous les arcades. Et bien sûr, je n’ai pas pu renoncer au plaisir d’un goûter gourmand, à la Pasticceria Taverna e Tarnuzzer, un lieu historique ouvert à la fin du XIXe siècle.
Sur sa devanture, le blason royal vous surprendra… C’est Humbert Ier qui lui accorda ce privilège, ayant obtenu le titre de fournisseur de la Maison Royale. Elle offre un vaste choix d’excellentes pâtisseries. Ses spécialités : les Bicciolani, des biscuits sablés au cacao, parfumés à la cannelle et au clou de girofle et les Amaretti morbidi , des biscuits composés de blancs d’œufs, d’amandes et d’amandes de noyau d’abricot. Tous deux se dégustent avec un verre de Moscato ou une boisson chaude.
Attention aux horaires d’ouverture pour ne pas se priver de ces délices : du mardi au dimanche de 7 h 30 à 13 h 00 et de 15 h 00 à 20 h 00.
Visitez la ville de Vercelli avec ses musées et ses œuvres à ciel ouvert.
Avant de poursuivre notre balade, laissez-moi vous présenter le comte de Cavour dont la statue a été érigée au milieu de la place. Homme du Risorgimento et père de l’unité italienne, ce personnage politique a été également un grand entrepreneur italien. À la tête de son grand domaine agricole de Leri, dans la campagne de Vercelli, il contribua à améliorer les techniques agraires, notamment pour la culture du riz. Il est à l’origine de la construction du canal Cavour, un ouvrage extraordinaire d’ingénierie hydraulique. Long de 85 kilomètres, il relie le Pô au Ticino et permet d’inonder les rizières, en exploitant la dénivellation du terrain.
De la Place Cavour, remontez la Via Verdi, vous y rencontrerez le musée Camillo Leone situé dans deux admirables palais reliés entre eux par un passage. Je vous conseille de vous y arrêter… Le visiter, c’est découvrir l’intérieur des demeures patriciennes richement décorées de fresques, de meubles et d’objets précieux, ainsi que l’histoire de la ville à travers ses salles d’exposition. Pour une visite guidée, vous pouvez télécharger l’application du musée. Pour le moment, le contenu est en italien et en anglais.
Sinon continuez et prenez la rue Monte di Pietà (la rue du théâtre), traversez la place d’Angemmes et sur votre droite, apparaitra l’imposante cathédrale Sant’Eusebio avec sa magnifique façade baroque. Construite en dehors des remparts, de son époque médiévale, il ne reste que son clocher. À l’intérieur se cache un petit trésor datant du XIe siècle, un superbe crucifix en argent.
À la sortie de ce monument, empruntez la rue Bicchieri et vous arriverez à un autre chef d’œuvre architectural, l’abbaye Saint-André. Elle représente un superbe exemple de l’union de deux styles : le roman lombard et le gothique transalpin. Sa sobre basilique est éclairée par de beaux vitraux.
En face de celle-ci, se dresse l’ancien hôpital de Vercelli, né comme lieu d’accueil pour les pèlerins et les voyageurs qui parcouraient la Via Francigena. Il est ouvert au public lors d’expositions ou de conférences. En suivant la Via Ferraris, vous revenez vers la place Cavour ; en revanche en prenant la Via Dante Alighieri, vous revenez vers le point de départ de cet itinéraire Viale Garibaldi.
Si vous avez le temps, n’hésitez pas à vous perdre dans les petites rues entre la Via Ferarris et le Viale Garibaldi ou faire du shopping via Libertà ou encore dans les boutiques gastronomiques.
2ème jour : la route des « Grange » un paysage insolite dans les rizières du Piémont. Un lieu à visiter lors de votre séjour en Italie dans la région du Piémont
J’ai laissé Vercelli le second jour pour parcourir la route des « Grange » et visiter deux entreprises agricoles qui produisent des riz d’exception : la Tenuta Colombara et l’ancienne abbaye Santa Maria de Lucedio, devenue par la suite la principauté de Lucedio.
Traverser la campagne au milieu des rizières, pendant les mois d’avril et mai est une expérience incroyable. Le paysage est spectaculaire avec ces immenses étendues d’eau en damier où se dessinent çà et là, les anciennes « Grange ». Devenues d’importantes fermes, elles étaient des centres agricoles chargés de bonifier les terres incultes sous la direction des moines cisterciens de l’abbaye de Lucedio. Ce sont eux qui introduisirent la culture du riz au début du XVe siècle dans la région.
L’automne est l’autre saison intéressante pour se rendre dans ce territoire, car on assiste à la récolte du riz. En revanche, en mars (mois de ma visite), les agriculteurs préparent les champs pour semer. Il est malgré tout intéressant de sillonner dans la plaine du Pô, avec ses énormes surfaces découpées par ce système de petits canaux.
La Tenuta Colombara, lieu de production du célèbre riz Acquerello : un voyage dans le temps unique
Cet immense domaine situé à proximité de Livorno Ferraris, est gérée par la famille Rondolino. Il produit sous la marque Acquerello, un riz Carnaroli vieilli d’un à sept ans dans des silos réfrigérés. Grâce à un procédé breveté, il conserve tous les bienfaits d’un riz complet, ce qui lui confère une qualité exceptionnelle.
Le propriétaire des lieux a sauvegardé les vieilles bâtisses de l’ancienne « Grange » pour faire revivre l’histoire et les traditions de ce territoire, à travers le Conservatoire de la Riziculture (il Conservatorio della risicoltura).
Le « guide », un monsieur portant bien son grand âge, raconte avec passion et des anecdotes, la vie quotidienne dans une « Cascina » de la moitié du XXe siècle. Au fur et à mesure de son récit, on est immergé dans ce monde agricole d’une autre époque.
Ainsi, on entre dans une ancienne étable, une fromagerie, une école et bien d’autres endroits qui évoquent les activités de tous les jours, avant de finir par le dortoir des « mondine ». Les mondine étaient des femmes d’origine modeste, âgées de 13 à 50 ans qui venaient principalement du Piémont, de Lombardie, de Vénétie et de l’Émilie-Romagne pour enlever les mauvaises herbes dans les rizières. Leurs conditions de travail étaient extrêmement difficiles. Elles restaient dans l’eau jusqu’aux genoux, le dos plié pendant 14 heures.
Pour terminer la visite (elle se fait sur réservation), on entre dans les ateliers de production de la céréale et dans l’entrepôt de stockage d’où il sera expédié dans le monde entier.
L’heure du déjeuner ayant sonné, j’en ai profité pour déguster la Panissa, la spécialité de ces terres, à l’Osteria Colombara qui se trouve sur la Via Francigena. La panissa est un risotto cuisiné avec des ingrédients exclusivement locaux : les haricots de Saluggia, le salam d’la duja (un saucisson conservé dans du saindoux dans un récipient en céramique). Le riz est cuit dans l’eau de cuisson des haricots et on le fait revenir dans le saindoux. Ce plat est succulent et fait avec des produits de qualité ! Le restaurant le propose avec le riz Acquerello.
Il Principato di Lucedio, l’ancienne abbaye située à quelques kilomètres du village de Trino Vercellese
À la fin du repas, direction la principauté de Lucedio à côté de Trino. Cette propriété privée, appartenant à la famille Salvadori di Wiesenhoff est ouverte au public lors des visites organisées par des guides professionnels. Ce domaine agricole est d’un tout autre genre que le précédent. La guide, très compétente, y retrace l’histoire de l’abbaye fondée au XIIe siècle par des moines cisterciens. Ce récit passionnant permet de comprendre l’évolution du territoire, qui était une immense forêt planitiaire. Le « Bosco delle Sorti della Partecipanza », un parc naturel régional de presque 600 ha, est ce qu’il en reste de nos jours.
Les moines rendirent cultivables le terrain et mirent sur pied d’importantes entreprises agricoles qu’ils exploitaient, employant la main d’œuvre locale. Ils introduisirent la culture du riz au XVe siècle. Ce choix s’explique par un meilleur rendement de sa production par rapport au blé. À cette période, les famines n’étaient pas rares et le riz avec ses multiples propriétés, donnait la possibilité de nourrir une grande partie de la population.
À la fin de la visite, si vous le souhaitez, vous pouvez acheter bien sûr du riz, mais également des produits dérivés (farine, petits gâteaux, …) au label Principato di Lucedio.
Les visites en italien sont programmées selon un calendrier en fin de semaine. Pour les autres langues, elles sont possibles sur demande.
J’ai laissé les terres de Vercelli, un peu triste et me jurant d’y revenir… un week-end n’étant pas suffisant pour voir tout ce que cette superbe ville et ses environs offrent aux visiteurs.
Je vous donne rendez-vous au prochain article ! En attendant, s’il vous a plu, n’hésitez pas à le partager. Pour échanger sur cette cité, écrivez-moi, je me ferai un plaisir de vous répondre !
Article mis à jour le 12 octobre 2023