L'Italie Secrète

Visiter Acaya, un village fortifié au cœur du Salento, dans les Pouilles

Table des matières

Si vous cherchez à explorer les Pouilles sous un angle différent, Acaya mérite un détour.

Situé à quelques minutes de Lecce et à deux pas des plages adriatiques, ce village fortifié vous plongera dans une ambiance paisible et chargée d’histoire. Derrière ses remparts, vous découvrirez une forteresse impressionnante, des ruelles en damier bordées de maisons basses et des traditions locales encore bien vivantes.

Que vous soyez amateur de patrimoine, de balades tranquilles ou simplement curieux de découvrir un joyau caché du Salento, loin de la foule, Acaya est une étape à inclure dans votre itinéraire.
Allez, suivez-moi pour la visite !

Comment arriver à Acaya ?

Comme je le disais dans mon article sur Specchia, il est préférable de sillonner les routes du sud de l’Italie avec son propre véhicule. Il est donc facile d’accéder à ce bourg fortifié de 450 habitants en voiture.

Il se situe à une dizaine de kilomètres au sud-est de Lecce. On y arrive en empruntant la route SP 337 en direction de la mer Adriatique. Il est rattaché à la commune de Vernole.

Cependant il est bon de connaître quelques règles de conduite parfois étonnantes, pratiquées dans la province de Lecce.

Conseils pratiques : la conduite dans les Pouilles

En Italie, le code de la route est bien commun à tout le pays. Mais, attention aux règles de priorité dans certaines villes… C’est surprenant, mais elle est donnée à celui qui s’engage sur la route principale et non pas non l’inverse. Alors prudence aux carrefours ! En général, le marquage au sol vous indiquera si vous pouvez passer ou non. Dans ce cas, il y a des stops sur les axes principaux. Autre particularité : la signalisation routière manque parfois ou n’existe que dans une direction. Pratique lorsque vous circulez dans le sens opposé ! Ce défaut de signalisation est assez diffus dans plusieurs régions italiennes, notamment en zone rurale.

Où se garer à Acaya ?

Étant donné sa petite taille, cette localité n’est pas accessible aux voitures, à l’exception de celles des résidents. Il faudra par conséquent, laisser votre véhicule dans les parkings à l’extérieur de sa muraille. Ils sont payants ; cependant, si vous vous éloignez un peu, il y a des emplacements gratuits le long des rues.

Le paysage vu des remparts de la forteresse d'Acaya
Paysage de la campagne autour d'Acaya

La petite histoire d’Acaya : un modèle innovant d’architecture militaire

Ce bourg, tel qu’on le voit aujourd’hui, a été construit en 1535, en pleine période renaissance. Il a pris le nom de la famille aristocratique qui l’a gouverné pendant trois siècles.

C’est en effet, en 1294, que le capitaine Gervaso dell’Acaya se voit confier les clés du village de Segine par Charles II d’Anjou, en reconnaissance de son courage et de son dévouement.

L’ancien bourg médiéval subit dès lors des transformations sur le plan urbain et surtout défensif, pour faire face aux incursions turques. L’architecte militaire Gian Giacomo dell’Acaya, alors au service de Charles Quint, a ajouté sa touche finale en édifiant une citadelle pour résister aux assauts par armes à feu.

Par la suite, d’autres familles s’emparèrent du pouvoir sans pour autant modifier beaucoup sa physionomie, sinon renforcer les fortifications.

Mais, voyons maintenant en détail ce que vous pouvez faire et voir dans cette petite cité du Salento, ainsi que dans les alentours. 

Que voir à Acaya, la cité Renaissance fortifiée

La forteresse est l’attraction principale de ce village. Elle incarne effectivement un chef-d’œuvre de l’ingénierie militaire de l’époque.

Néanmoins, le village, encerclé par sa puissante muraille équipée de trois bastions, mérite d’être exploré. Il se démarque des cités médiévales par son plan géométrique et ses maisons basses. Par ailleurs, étant encore peu fréquenté par les touristes, on s’y balade en toute tranquillité et l’on profite de cette atmosphère authentique où le temps semble s’écouler lentement. Il est parfaitement conservé et entretenu.

Le château d'Acaya vu de la place
Le château d'Acaya
Vue sur le restaurant de la place du château d'Acaya
La place du château - Acaya

La Porta Terra ou la Porta Sant’Oronzo

On entre dans le village par cette unique porte. Elle fut rebaptisée au XVIIe siècle, depuis que la statue du saint protecteur se dresse sur son sommet. Sa façade est ornée des armoiries impériales de Charles Quint et des blasons des familles qui y ont gouverné.

Après avoir traversé la porte, vous découvrirez une place magnifique avec ses bars en terrasse et la vue sur le château.

La porte San Oronzo vue d'une des rues du village d'Acaya près de Lecce
Vue sur la porte San Oronzo d'une rue du village d'Acaya
Acaya
La statue de San Oronzo sur la porte de la muraille d'Acaya

La Piazza Castello

C’est ici que commence la visite d’Acaya avec la forteresse sur la gauche et ses trois rues parallèles en direction est-ouest. 

La remarquable forteresse d’Acaya : joyau d’ingénierie défensive

Cette extraordinaire structure défensive de la Renaissance constitue un exemple unique dans les Pouilles. Édifiée par un architecte de renom du XVIe siècle, elle était considérée la plus innovante du royaume de Naples.

Elle impressionne avec ses deux tours circulaires, ses fossés profonds, ses murs bas et épais, ainsi que son bastion en forme de pointe de lance.

Du haut de ses remparts, vous aurez une vue imprenable sur la cité, ainsi que sur le paysage environnant composé surtout d’oliviers. Vous apercevrez au loin, le littoral d’un côté et Lecce de l’autre.

Depuis la cour du château, vous accéderez aux prisons, aux anciennes écuries et aux salles d’exposition. Elles abritent un petit musée qui présente des objets trouvés lors des fouilles sur les sites archéologiques de la région, peuplée par les Messapiens.

Une section est également dédiée aux reproductions des symboles découverts sur les parois des grottes préhistoriques de la Poésie.

Au niveau supérieur, vous trouverez les pièces nobles et la salle ennéagonale avec sa magnifique frise qui entoure tout le périmètre où sont sculptées les effigies d’Alfonso et Maria dell’Acaya.

Des travaux de rénovation récents ont aussi révélé une petite église byzantine, ainsi qu’une fresque de la seconde moitié du XIVe siècle de 4 mètres sur 3 : la Dormitio Virginis. Elle représente les apôtres témoins de la mort de la Vierge.

Le château est ouvert en été, du mercredi au dimanche, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 16 h à 20 h et en hiver, uniquement le week-end de 10 h à midi et de 15 h 30 à 17 h.

Un détail de la frises sculptée dans la tour du château d'Acaya
Détail de la frise dans la tour enneagonale du château
La fresque "Dormitio Virginis" dans la forteresse d'Acaya
La fresque "Dormitio Virginis" dans la forteresse d'Acaya

Le centre historique et ses rues géométriques

Flâner dans les rues d’Acaya, c’est vivre au quotidien la vie de ce village. Ici, on fait ses courses à l’épicerie-bar, l’occasion d’échanger quelques mots avec le commerçant. 

Le plan en quadrillage permet de s’orienter facilement. De plus, le nombre de voies de communication est très limité. Les trois axes partant de la place du château, se croisent à angle droit avec six autres. Leur particularité : ils sont tous parallèles, ont la même largeur et sont tracés à la même distance. Au cours de votre promenade, vous remarquerez les remparts parfaitement préservés et vous croiserez l’église principale.

Vue sur l'une des 6 rues transversales du village fortifié d'Acaya
Rue du village fortifié d'Acaya
Un magasin multi-services dans le centre du village d'Acaya
L'épicerie-bar dans le centre d'Acaya

L’église Santa Maria della Neve

Ce petit lieu de culte possède aujourd’hui une façade néoclassique, même si sa construction remonte au XIIIe siècle. Il a été presque entièrement rénové en 1865.  

L’intérieur est composé de trois nefs séparées par des colonnes et agrémenté de six autels latéraux.

Il existe à Acaya un autre édifice religieux, placé en dehors des remparts. Cette chapelle remplissait une fonction quelque peu singulière. Elle est liée à une tradition du sud de la péninsule.

Vue sur le campanile de l'église Santa Maria della Neve dans le village d'Acaya
Le campanile de l'église Santa Maria della Neve
Vue sur la façade de l'église Santa Maria della Neve d'Acaya
Eglise Santa Maria della Neve

La Cappella San Paolo Apostolo et la tradition du tarentisme

Cette structure religieuse édifiée au XVIIIe siècle est de conception très simple avec un seul autel. Elle n’était pas vraiment un lieu de recueillement habituel.

En effet, elle était l’un des principaux centres du tarentisme dans le sud des Pouilles. Cela nous renvoie à une tradition ancestrale de cette région : la pizzica. Cette danse au rythme rapide et effréné, accompagnée par le son des tambourins était censée guérir les victimes (souvent des femmes) des piqures de la Tarentola, une araignée autochtone.

Ces dernières, une fois « exorcisées », étaient bénies avec l’eau du puits de la chapelle. Il n’existe plus aujourd’hui.

Il vous sera possible de vivre cette coutume, lors du festival itinérant della Taranta. Il se déroulera cette année, du 1er au 29 août, dans vingt communes. Un événement à l’ambiance unique qui met en avant la culture et la musique populaire du Salento.

Au programme, on retrouve les danseurs de pizzica, bien sûr, mais également des concerts, des spectacles ainsi que diverses activités culturelles. Pour vous immerger dans la culture traditionnelle de cette région italienne, découvrez les villes participant au festival.

La visite d’Acaya et de sa citadelle ne prendra que quelques heures. Vous pouvez donc y ajouter un déjeuner dans une trattoria à gestion familiale (ce sont celles que je préfère) pour déguster la cuisine locale. Autrement, il est possible de l’inclure dans un circuit d’une journée. Pour vous donner un avant-goût de ce festival, visionnez la vidéo publiée par la Notte della Taranta d’une édition précédente.

Que prévoir dans un itinéraire d’une journée ?

Si vous êtes installés à Lecce, vous pouvez aller le matin dans ce bourg insolite et l’après-midi vous rendre sur la côte adriatique toute proche. Vous avez alors plusieurs options pour passer le reste de la journée.

Le parc naturel Le Cesine

À seulement 5 km d’Acaya, le parc naturel Le Cesine vous permettra de découvrir l’environnement naturel de ce territoire qui était autrefois principalement composé de zones marécageuses. Elles s’étendaient de Brindisi à Otrante.

Une activité en contact avec la nature que vous pouvez faire seul ou en compagnie d’un guide.

J’ai visité Acaya le jour de mon vol de retour chez moi, à proximité de Plaisance et je n’ai pas pu visiter ce parc de 348 ha.

Si vous n’êtes pas adeptes de randonnés pédestres, vous pouvez alors descendre tout droit vers le littoral.

Découvrez le parc dans une très belle vidéo réalisée par WWF

La côte adriatique toute proche

À la belle saison, les plages idylliques aux eaux limpides ainsi que les piscines naturelles sculptées dans la roche vous inviteront à la baignade.

Les falaises calcaires tout le long de la côte sont remplies de grottes. Vous pourrez vous y aventurer en bateau avec des visites guidées. Et puis, les villages côtiers possèdent une très forte identité maritime et ont beaucoup de charme. Et pour les amateurs de gastronomie, les restaurants proposent d’excellentes spécialités de la mer.

Le site archéologique de Roca Vecchia près d'Acaya sur le littoral adriatique
Le site archéologique de Roca Vecchia
La grotte de la poésie à Roca Vecchia près du ville d'Acaya
La grotte de la Poésie à Roca Vecchia

Ce village fortifié ne cherche pas à impressionner par sa grandeur et ses chefs d’œuvre artistiques, mais par son authenticité. Il raconte simplement l’histoire du Salento, composé d’une infinité de « paesini », ces petits bourgs où tout le monde se connaît.

En quelques heures, vous y vivez un voyage hors du temps, entre ruelles paisibles, forteresse majestueuse et traditions locales bien vivantes.

Que ce soit pour une halte depuis Lecce ou une étape dans un itinéraire plus large, Acaya vous dévoilera l’âme de l’Italie profonde.

Je vous retrouve prochainement pour mon nouvel article !

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Nadine Georges
Nadine Georges est la fondatrice du blog "L'Italie Secrète". Si vous souhaitez mieux connaître ce pays aux multiples facettes et explorer de nouvelles destinations, loin du tourisme de masse et des grands centres urbains, alors suivez-moi !